Macron-Liban : Dernier essai ?
Le mouvement interventionniste français est peut-être la dernière chance avant que les conditions mènent le Liban vers le chaos
Tout ce qui se dit sur la question libanaise dans les coulisses françaises est vrai et… faux à la fois.
Ce qui n’est pas correct, c’est que le Liban est au centre de toutes les préoccupations des responsables français … le Président Macron en tête. L’intérêt français est aujourd’hui concentré sur la lutte contre la pandémie, la limitation du nombre de victimes, et la recherche de vacciner le plus grand nombre de compatriotes et de limiter l’effondrement de l’économie nationale.
Ce qui est vrai, c’est que la France, contrairement à d’autres puissances, a un intérêt particulier pour le Pays des Cèdres. Il s’agit d’un intérêt qui remonte dans l’histoire, un attachement culturel et des relations humaines qui vont au-delà d’un rappel du mandat du passé, mais plutôt sur les échanges incessants et la présence des binationaux des deux côtés de la Méditerranée.
C’est à travers ce prisme que doit être lu l’initiative du président Macron, qui pourrait effectuer une troisième visite à Beyrouth d’ici un mois.
Une source proche du dossier libanais a concédé que l’initiative aura prochainement « une approche différente, et une équipe française la portera pour travailler directement sur le terrain ». La source n’est pas entrée dans les détails de cette mission « renouvelée », mais a fait allusion qu’elle avait été formée après une analyse détaillée des obstacles qui « entravent les réformes ».
C’est une expression diplomatique pour signifier que le but n’est pas uniquement de résoudre la question de la formation d’un gouvernement de spécialistes ni pour faciliter la tâche du Premier ministre désigné Saad Hariri.
Et cela se voit dans la composition de cette délégation qui devrait se présenter dans quelques jours. Si l’idée va à son terme cette délégation sera composée d’un certain nombre « d’experts qui travailleront loin de la lumière médiatique », et paraît-il, appartiendraient à plusieurs administrations françaises.
Selon ce que suggère la source, l’équipe travaillera suivant « quatre axes gérés par quatre experts » :
– Le premier aurait pour mission de « dissiper le brouillard qui entoure la Banque et de mettre au clair son état » et serait assisté par des experts « pouvant inclure des Européens ».
– Le deuxième serait un diplomate qui établirait des contacts avec le Président de la République Michel Aoun, le Président du Parlement Nabih Berri, et bien sûr le Président désigné pour former un gouvernement Hariri
– Une troisième équipe aurait pour rôle de « renforcer la confiance avec toutes les forces politiques », qui est une expression très diplomatique pour dire qu’on va parler avec tous les partis, y compris… le Hezbollah, en vue de l’acceptation par ces forces d’un gouvernement apolitique ce qui facilitera l’arrivée des aides financières humanitaires qui sont en suspens aujourd’hui en raison d’absence de consensus politiques locaux.
– Une quatrième équipe devrait débarquer à Beyrouth, elle serait dirigée par un diplomate de haut rang, et devrait arriver après des escales dans « des capitales arabes » (devront nous regarder ders l’Égypte et Riyad ? pas de réponse). Mais il y a eu un « non catégorique » sur la possibilité de se rendre à Téhéran. Et cette négation brutale pourrait se justifier : On ne veut reconnaître l’engagement des Iraniens dans le dossier libanais et faire le lien avec dossier di nucléaire iranien.
Le mouvement interventionniste français est peut-être la dernière chance avant que les conditions mènent le Liban vers le chaos avec des conséquences désastreuses.
Ces informations glanées ont précédé l’assassinat du militant politique et intellectuel Lokman Slim . Cet assassinat politique « freinerait-il » l’initiative française ou mettrait-il en évidence la nécessité de faire preuve de souplesse dans les positions pour que les choses n’échappent à tout contrôle ?
Une question à laquelle répondra les dix jours prochains.