La Chine essaie de contenir les États-Unis dans le Pacifique
C'est de plus en plus loin le concept: « un pays, deux systèmes »
Bassam Tayara
Simples d’esprit et myopes sont tous ceux qui ont cru que la présidente de la Chambre des représentants des États-Unis, Nancy Pelosi, a entrepris toute cette cavalerie sans coordination avec les départements de la sécurité nationale des États-Unis et à l’insu de la Maison Blanche!
Ce qui s’est passé semble être une comédie convenue entre Washington et Pékin. Alors avant de nous plonger dans des arguments très difficiles à contrôler, et mesurer les points d’équilibrer de cette logique, et avant de commencer à analyser ce qui se cache derrière ce mouvement perturbateur de l’Asie, examinons les politiques suivies par les deux géants qui ont précédé le lancement de « la tempête Nancy ».
La Chine considère Taïwan comme faisant partie de son territoire national et son retour à la patrie serait inéluctable. Avec l’arrivée au pouvoir de Xi Jinpin, le credo annoncé « le retour se fera par des moyens pacifiques ou par la force ». Mais depuis deux à trois décennies, les relations étaient très profitables aux deux parties : des relations économiques et commerciales, Taïwan étant l’un des plus grands investisseurs industriels en Chine et a contribué très efficacement à la croissance industrielle de la Chine, et les échanges entre les populations des deux bords du détroit entre le continent et l’île étaient abondantes faciles, et le nombre de touristes chinois venant à Taïwan a dépassé les 4 millions en 2019.
Derrière les sourires, cependant, se cachaient des objectifs contradictoires : Taïwan croyait que la croissance économique pourrait pousser la Chine vers une gouvernance plus ouverte qui mènera pacifiquement vers ce principe « un pays, deux systèmes ». Tandis que la stratégie chinoise visait un rapprochement avec les fortunes commerciales et industrielles, c’est-à-dire le moteur de la puissance de Taïwan, en leur miroitant les énormes possibilités que l’île pourrait gagner grâce à « l’intégration » avec la mère patrie.
Cependant, deux événements sont venu « chambouler » ces stratégies opposées: l’élection de Tsai Ing-wen, à la présidence elle qui prône l’indépendance de l’île, et d’autre part, l’étoile du président chinois Xi a commencé briller dans le ciel du Parti communiste parallèlement à l’ascension de la Chine au rang de superpuissance n°2.
Cela a incité Xi à « déchirer » le traité de restitution de Hong Kong, qui a été formulé sur la base de… « un pays, deux systèmes ». À partir de là, le chemin du consensus s’est bloqué après le choc causé par le processus « mise au pas et domestication » de Hong Kong.
L’expression d’unification par la force de Taïwan est revenue dans les médias chinois, et et de l’autre côté du canal, les indépendantistes ont pris le poil de la bête et les pro-chinois ont disparus des radars.
La position de Washington n’a pas changé « un pays, deux systèmes », mais avec un simple ajout : « soutenir la démocratie taïwanaise et s’opposer à tout changement du statuco par la force ».
Entre les États-Unis et la Chine la peur mutuelle avait établi un jeu de dames stratégiques : la Chine pousse la nouvelle route de la soie qui prend d’assaut l’Europe et encadre le continent africain par une série d’alliances, et les États-Unis réagissent en construisant un « OTAN du Pacifique » (AUKUS: Usa, Uk et Australie & QUAD: Usa, Inde, Japon et Australie). Les deux géants se guettait.
Deux facteurs indépendants de la volonté de Pékin et de Washington les ont poussés à l’affrontement direct : la pandémie de Covid et l’invasion de l’Ukraine.
Avec la pandémie qui a éclaté dans la ville de Wuhan en Chine, l’Occident a montré l’étendue de son lien avec «l’atelier du monde», c’est-à-dire avec les zones industrielles chinoises. Puis apparut la «diplomatie des masques et des vaccins » que la Chine a mis en place et qui a révélé pour les Occidentaux « l’impérialisme chinois qui défie l’impérialisme américain ». Ce que l’ancien président Donald Trump a dénoncé en imposant des sanctions industrielles et des hausses des tarifs douaniers. Joe Biden avait promis de lever ces sanctions mais… il ne l’a pas fait.
La guerre en Ukraine est arrivée et l’Occident s’est tourné immédiatement vers la Chine pour voir si l’« alliance stratégique » entre Moscou et Pékin serait activée. Les États-Unis a menacé Pékin par des sanctions si elle essayait d’aider la Russie à les contourner. Parallèlement à ces mises en garde, s’est posée la question de savoir si Pékin suivrait la voie de Moscou et mettrait la main sur Taïwan, bien que les deux cas soient historiquement et géographiquement différents.
Les deux géants s’observaient.
La conférence des « alliés de l’OTAN » à Madrid de plus de 40 pays n’a pas aidé à apaiser les relations : d’abord parce que la déclaration finale qualifiait la Chine de « facteur inquiétant » (alors que la Russie est l’ennemi). Mais Biden et les membres de l’alliance n’ont pas prêté attention à deux points importants qui ont accompagné la conférence de l’OTAN : premièrement, un grand nombre de pays qui ont répondu à l’invitation de l’alliance se sont tenus à l’écart entre Moscou et l’alliance, même si ils ont critiqué l’invasion russe. Deuxièmement, l’encre de la déclaration finale de l’alliance n’a pas tari jusqu’à ce que Vladimir Poutine rencontre le président de la Turquie, la « deuxième force » de l’alliance à Téhéran qui a une vrai alliance stratégique avec …la Chine
Ici, certains pensent que Nancy Pelosi a décidé de commencer ses « vacances » par une tournée qui inclut Taïwan sur ce chemin plein de facteurs de clash !?
Ce qui s’est passé indiquait que Washington voulait tester Pékin et mettre la Chine dans le coin de sa « stratégie de ne pas toucher à Taiwan » et de ne pas imiter Poutine! Bien sûr, aujourd’hui, il est peu probable que la Chine envahisse Taïwan.
Mais Washington a réussi dans un autre domaine : mettre en lumière l’inexpérience des Chinois dans les relations entre géants.
Les cris d’intimidation et les menaces avant la visite de Pelosi aurait pu être marquée en faveur de Pékin au cas où Washington « battrait en retraite », ce qui ne s’est pas produit. Ainsi, les responsables de la stratégie diplomatique à Pékin ont prouvé une faible appréciation des réactions de Washington. Si l’intimidation était venue « sous la table, loin des médias », Pékin aurait réussi à empêcher la visite, ou révélé les intentions des Américains. Cependant, l’exigence d’un retrait public de l’Amérique indique l’adolescence de la « diplomatie de confrontation » à Pékin.
Aujourd’hui, Pékin mène de violentes manœuvres dans les environs de Taïwan et prouve une fois de plus l’erreur de vouloir menacer par, car la réaction ne se fait pas attendre. L’opposé s’est produit: cela a attiré des flottes occidentales dans la région et le Japon et la Corée du Sud paraissent prêt.. alors que la Chine n’est pas prête pour la guerre, surtout pas avant le 20e Congrès du Parti communiste, qui consacrera le Che comme dirigeant à vie.