Allons-nous vers un conflit majeur?
Au-delà du cas de Taïwan, les États-Unis n'entend pas perdre son leadership économique, culturelle, financière et militaire sur le monde, et la Chine conteste de plus en plus cette hégémonie
Bassam Tayara
Que se passe-t-il entre Washington et Pékin ? On en parle de plus en plus de l’hégémonie et de l’ordre mondial mis en cause par le … contesté par les BRICS et dénoncé de façon indirecte par le « Sud ». Donc une remise en cause de cet ordre.
Les regards se tournent vers Taïwan ou l’opposition entre les deux géants est la plus visible. Mais au-delà du cas de Taïwan, les États-Unis, première puissance mondiale n’entend pas perdre son hégémonie économique, culturelle, financière et militaire sur le monde. Or, la Chine conteste de plus en plus ouvertement cette hégémonie, et n’a jamais caché ses ambitions économiques.
Pékin avait commencé à mettre à l’oeuvre cette ambition en commençant à tisser sa toile sur le continent africain. C’était le premier pas dans les nouvelles « route de la soie » qui constitue le plus vaste projet industriel mondial reliant la Chine à l’Europe, donc l’Europe est également dans le viseur de Pékin, les Chinois veulent également de peser sur le commerce mondial. Cette toile concerne que la Chine tisse concerne plus de 68 pays et regrouperait près de 40 % du produit intérieur brut (PIB) de la planète.
Ainsi, c’est donc une rivalité entre super-puissances qui n’est pas nouvelle, mais elle tend à s’accroitre à mesure que la Chine gagne du terrain sur le globe. La guerre en Ukraine est venu pour renforcer le rôle de cette Chine qui veut jouer l’intermédiaire entre son « meilleure alliée » la Russie et l’Ukraine.
Mais sur ue plan économique la Chine concurrence la première puissance planétaire les USA, elle-même en perte de vitesse, sur les terrains économiques et financiers.
Cette concurrence entre puissances est voulue par Pékin pour bouleverser qui a déjà bouleversé l’ordre international unipolaire tel qu’il fut construit après la Seconde Guerre mondiale et l’effondrement de l’URSS. Xi Jinping s’appuie sur la Russie de VladimirPoutine pour accélérer le renversement de la hiérarchie économique dans le monde.
Les chiffres lui donnent de l’espoir la Chine a dégagé un excédent commercial de 878 milliards de dollars sur l’année 2021, tandis que les États-Unis ont enregistré cette année (2022) un déficit budgétaire colossal évalué à 1.375 milliards de dollars.
Mais la montée de la Chine est une crainte visiblement partagée par l’Union européenne. Selon le Financial Times, une note des services en charge de la politique étrangère de l’Union à Bruxelles, enjoint les ministres des Affaires étrangères des pays membres à adopter une ligne plus dure à l’égard de Pékin. « La Chine est devenue un concurrent encore plus fort pour l’Union européenne, les États-Unis et les autres partenaires, souligne la note. Il est de ce fait essentiel d’étudier la meilleure façon de répondre à ces défis en cours ou à venir. […] En résumé, nous nous dirigeons vers une concurrence totale sur le plan économique mais aussi politique », conclut-elle.
La guerre en Ukraine est venue ajouter la dimension militaire, les alliés contestant l’hégémonie de Washington se sont partagés les rôles, avec une différence de poids: la Russie élargie la confrontation à l’Occident dans toutes ses dimensions idéologiques (Droits de l’Homme, libertés individuelles etc…). Or la Chine ne peut se permettre une confrontation directe avec « les poules aux oeufs d’or » que représentent les marchés européens et surtout américains.
Mais Washington sous la férule de Obama puis Trump et maintenant Joe Biden, accélère la mise en place d’un « «containment » (endiguement) tout autour de l’Empire du milieu: tout une série d’alliances avec ses partenaires … occidentaux!
Parmi les pressions faites à la Chine les exercices militaires organisés par l’armée états-unienne en mer de Chine méridionale, où s’est installée une partie de la flotte marine américaine, ainsi que la visite très de Nancy Pelosi à Taïwan contre la volonté de la Chine, et puis cette année la Visite de la président de l’ile la très nationaliste Tsai Ingwen tout cela accompagné par un soutien militaire exceptionnel apporté à l’île que Pékin considère comme une province de son territoire.
Les États-Unis semblent multiplier les provocations à l’égard de leur rival chinois, mais au vu de l’agression russe de l’Ukraine ces provocations doivent être lues en tant que mise en garde pour ne pas suivre l’exemple de Poutine avec Taïwan . En réponse, le président Xi n’hésite pas à rappeler que son pays se tient prêt à répondre militairement si nécessaire.
Ira-t-on vers une confrontation totale… une guerre? Récemment, Biden réaffirmait l’opposition des États-Unis à toute tentative « unilatérale de changer le statu quo ou de porter atteinte à la paix et à la stabilité dans le détroit de Taïwan » . Alors les observateurs se demande si “la crise en Ukraine n’est qu’un échauffement” pour préparer la grande guerre qui serait un conflit majeur bien plus important entre les États-Unis à la Chine.