Que veut TRump de l’UE?
Les ministres européens du Commerce, réunis lundi à Luxembourg, sont sur le point de parvenir à un accord sur une liste de produits américains qui seront visés par une nouvelle taxation, si les négociations échouent

Bassam Tayara
Les marchés boursiers européens se sont prudemment calmés après une journée frénétique surnommée « Lundi noir », en raison des lourdes pertes qu’ils ont subies suite à la hausse des tarifs douaniers de représailles faite par la Chine sur les produits américains de 34 % – soit le même taux que celui imposé par le président américain Donald Trump sur les produits chinois le 2 avril.
La prudence reste toutefois de mise quant à une nouvelle baisse des cours des actions européennes, dans l’attente de la réponse des Européens à l’augmentation de 20% des tarifs douaniers américains à leur encontre, si le dernier effort européen pour parvenir à une solution avec les Américains échoue.
En fait, les Européens n’ont pas beaucoup de temps pour convaincre l’administration américaine de parvenir à un accord qui éviterait une grave guerre commerciale entre les deux parties. Dans quelques heures seulement, à partir du matin du 9 avril, le nouveau tarif de 20% sur les produits européens entrera en vigueur.
Ces dernières heures, la Commission européenne a soumis une nouvelle proposition à la partie américaine, demandant une exemption totale et réciproque des droits de douane sur les produits industriels. Cette proposition retire des mains de Trump le prétexte de la disparité qu’il avait précédemment évoquée entre les droits de douane européens et américains, qui, selon les calculs de l’équipe Trump, s’élève à 39%.
Si elle est approuvée, cette proposition pourrait conduire à une réduction du déficit commercial entre les deux parties, que les Européens estiment actuellement à environ 48 milliards d’euros, tandis que Trump l’estime à 350 milliards de dollars.
Mais Trump, qui a rejeté en bloc la proposition européenne, la jugeant « insuffisante », mais a gardé la porte ouverte à d’éventuelles négociations avec les Européens, bien que sous des conditions américaines strictes.
Il est clair que le président américain souhaite plus que des droits de douane nuls entre les deux parties.
Il a explicitement annoncé qu’il y avait une possibilité de combler le déficit commercial avec la partie européenne (350 milliards pour lui, et non 48 milliards comme disent les Européens) en s’engageant à acheter aux États-Unis des immenses quantités d’énergie (gaz et pétrole) équivalentes à ce déficit commercial.
Les Européens, qui avaient déjà évoqué cette solution, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen ayant annoncé ces dernières semaines sa volonté d’augmenter les importations énergétiques américaines, ne peuvent accepter d’acheter une quantité aussi importante aux États-Unis.
La raison est très simple : la consommation de gaz et de pétrole des Européens représente à peine 350 milliards par an, selon les prix de l’année dernière, avant que les prix ne chutent ces derniers jours au niveau d’il y a quatre ans. En revanche, si les Européens se soumettent à la condition de Trump, ils devront abandonner toutes les autres sources d’énergie, même les sources européennes (Norvège et Pays-Bas), ainsi que les sources du Golfe, considérées comme la principale source de l’Union européenne et de l’Algérie.
Ce qui serait logique pour les Européens, pour éviter le fléau d’une guerre commerciale avec les États-Unis, c’est d’abandonner leur excédent commercial avec les États-Unis, qu’ils estiment à 48 milliards de dollars, soit en réduisant leurs tarifs douaniers, soit en achetant davantage de pétrole et de gaz.
Il est toutefois clair qu’ils ne misent pas beaucoup sur le fait que Trump renonce à une guerre commerciale ouverte, et ils se préparent donc au pire.
Les ministres européens du Commerce, réunis lundi à Luxembourg, sont sur le point de parvenir à un accord sur une liste de produits américains qui seront visés.
L’Union européenne appliquera des tarifs douaniers allant jusqu’à 20 % si les négociations échouent, à partir du 15 avril, avec une deuxième vague prévue pour le 15 mai.