A quoi joue Mohammad ben Zayed à Moscou?

Après l'accord au sein de l'OPEP plus une alliance autour du prix du baril

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Bassam Tayara

Depuis le début de la guerre d’Ukraine en février dernier, une question concernant le positionnement du président des Émirats arabes unis Mohammed ben Zayed se pose est-il un soutien au président russe Vladimir Poutine? Ou bien l’Occident peut-il compter sur lui dans la mise en quarantaine politico-économique de la Russie?
Il est de notoriété publique que les relations du puissant Cheikh avec le président américain Joe Biden sont froides et tendues. Pourtant il y a un intérêt mutuel pour garder à garder des relations apaisées entre eux: l’Émirat a besoin d’un garant pour sa sécurité et Washington aimerait compter sur le jeune Président pour contrer l’expansion iranien et surtout, depuis la guerre en Ukraine, contribuer à détendre le marché des hydrocarbures.
Mais voilà que Mohammed ben Zayed fait une visite surprise en Russie et il est accueilli chaleureusement par Vladimir Poutine.
Il va sans dire que cette rencontre ne relèvent pas d’une médiation entre l’Occident et la Russie pour éviter une guerre nucléaire. L’Occident n’a pas besoin que Ben Zayed soit un médiateur avec Poutine.
L’interprétation de cette visite est à mettre dans le sillage de ce qui s’est passé à l’OPEP Plus, lorsque ses membres, dont la Russie, ont décidé de réduire la production de deux millions de barils par jour, provoquant un état d’hystérie et m mélange d’incompréhension aux États-Unis et en Europe.
Pour les alliés de l’Ukraine leurs alliés du Golfe en particulier les Émiratis et les Saoudiens, devaient constituer une réponse à l’arme des hydrocarbures que Poutine utilise à l’encontre de l’Europe tout en profitant des hausses de prix.
Mais ni Mohammad ben Zayed (MBZ) ni le prince héritier saoudien Mohammed ben Salman (MBS) n’ont joué le jeu. Bien au contraire. Cette alliance du Golfe ne considère pas Poutine comme l’ennemi juré n’a pas sa défaite comme priorité, comme c’est le cas de Joe Biden. En outre, les dirigeants d’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis ne cachent pas leur préférence pour le retour des républicains au pouvoir à Washington, ni leurs efforts pour les soutenir lors des élections législatives de mi-mandat qui auront lieu le mois prochain, en vue du retour de Trump, si possible, lors des élections de 2024.
Depuis l’arrivée de Biden à la Maison blanche en janvier 2020, ses relations avec les dirigeants du Golfe ont souvent été tendues. Et quand la hausse des prix du pétrole a provoqué une vague d’inflation aux États-Unis qui a affecté sa popularité et celle des démocrates, il a tenté de réchauffer ses relation avec MBS en effectuant une visite « à contre coeur » qui n’a nullement empêché le géant du pétrole saoudien de suivre les recommandations de l’OPEP plus. De même ni la visite de la vice-président américaine Kamala Harris, en mars dernier, pour présenter à MBZ ses condoléances. à la mort de son père et le féliciter pour son accession au poste, ni sa visite d’État en France ne l’a pas empêché d’emprunter le pas de la baisse de production.
A remarquer que sur la guerre en Ukraine les deux hommes ont refusé de condamner l’attaque russe.
L’Occident accuse les Émirats arabes unis d’aider les hommes d’affaires russes fidèles à Poutine à échapper aux sanctions en leur permettant de posséder des biens immobiliers et de cacher leurs actifs. Ce qui se dévoile depuis peu c’est que cette migration de fortune date d’avant la guerre et l’attaque de la Russie: de nombreux financiers russes avaient déjà entamé leur établissement à Dubaï et ont fait passer leurs avoirs pour échapper à d’éventuelles sanctions.
La visite de MBZ à Moscou apparaît comme un bouclier en attendant la réponse américaine à ce qui s’est passé dans « l’OPEP Plus  et une visite de MBS au Kremlin ne doit pas être exclue.

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