Attentat en Turquie : Le PKK change de stratégie
Erdogan fustige l'UE et cherche à amender la constitution pour pouvoir se présenter une ... quatrième fois
Presse-Net (Beyrouth)
La sécurité intérieure turque vient de subir son premier choc après les élections qui ont porté Recep Tayyip Erdoğan à la présidence pour la troisième fois.
Dmanche le 1er octobre, l’entrée principale de la Direction générale des forces de sécurité intérieure turques a été attaquée avec des armes à feu par deux hommes armés qui se trouvaient à bord d’une voiture volée dont ils sont sortis.
Selon un communiqué des forces de sécurité, l’un des militants s’est fait exploser et a été tué sur le coup, tandis que le deuxième est tombé lors d’un échange de tirs avec les gardes de la direction, dont deux membres ont été blessés, et il a été confirmé que leur état était précaire.
À la suite de ce qui s’est passé, le ministre de l’Intérieur, Ali Yerlikaya, s’est précipité sur les lieux de l’incident pour annoncer « la poursuite de la lutte acharnée contre le terrorisme », après que le président turc, Erdogan, ait confirmé que « Sans le courage des gardes de la direction, l’opération aurait pris une tout autre tournure.»
Malgré tout l’incident a retenu l’attention des observateurs, car il se caractérise par les éléments suivants :
– Premièrement, il a visé un quartier général purement sécuritaire, dans ce qui pourrait être un message selon lequel il répond aux politiques répressives et strictes qui ont été mises en place.
– Deuxièmement, la Direction générale de la sécurité est située juste en face de l’entrée principale du Parlement turc, qui a ouvert hier sa nouvelle année parlementaire, et le président turc devait prononcer un discours quatre heures après l’attaque, ce qui donne une autre dimension à l’incident.
L’incident concerne donc, dans les intentions des attaquants, l’État dans son ensemble, et son chef en particulier. Le président du Parlement, Numan Kurtulmuş, a confirmé que ce qui s’est passé « n’est pas une coïncidence, mais plutôt une agression le jour de l’ouverture de l’année parlementaire » et que « la Turquie ne cédera pas devant le terrorisme ».
– Troisièmement, l’attention s’est naturellement tournée vers les commanditaire de l’opération.
Avant que le Parti des travailleurs du Kurdistan ne revendique cette opération, d’après Reuters, les regards se sont dirigés vers le passé vers la place Taksim à Istanbul. À l’époque une femme, arrêtée par la suite, a été accusée d’appartenir au « Parti du Kurdistan ».
Si cela est confirmé il représente une réponse attendue et automatique aux opérations militaires à grande échelle menées par l’armée turque contre les combattants du parti en Irak notamment, ainsi qu’en Syrie.
– Quatrièmement, on peut déduire que le parti kurde a décidé, pour la première fois depuis longtemps, de diriger ses représailles à l’intérieur de la Turquie et dans des lieux sensibles, connus et fréquentés.
Certains ont pu lier l’opération au déplacement d’Arméniens ayant eu lieu au Karabakh, l’Azerbaïdjan étant un allié très proche de la Turquie, mais c’est une hypothèse loin de la réalité, d’autant plus que les Arméniens n’ont pas eu recours à de telles opérations depuis de très nombreuses années. Les autorités turques n’excluent pas d’évoquer parfois les responsabilités de l’État islamique pour certaines de ces opérations.
Dans son discours le président turc a reproché aux partis d’opposition de faire obstacle à l’adoption d’une nouvelle constitution. L’un des commentaires les plus révélateurs sur ce point est peut-être celui du chef du « Parti Felicity », Temel Karamlioglu, qui a déclaré que la chose la plus importante dans les propositions pour la nouvelle constitution est de modifier tous les articles qui empêchent Erdogan de se présenter aux élections d’un quatrième mandat présidentiel.
Dans son discours, Erdogan a passé en revue la politique étrangère de la Turquie, affirmant que « le droit est revenu à ses propriétaires en Azerbaïdjan », et critiquant l’Union européenne, qui « fait attendre la Turquie soixante ans à sa porte», malgré que « la Turquie ait devenir une force indispensable. »
Il a également évoqué la situation en Syrie, affirmant qu’il n’abandonnerait pas à leur sort quatre millions de Syriens du nord-ouest et qu’il en rendrait bientôt un million dans leur pays, notant que la barrière de sécurité avec la Syrie avait été achevée, ajoutant, dans un communiqué. Dans un contexte parallèle, la Turquie « défendra l’unité des terres irakiennes et sera toujours aux côtés du peuple libyen ».