AUKUS une alliance anglo-saxonne

Bassam Tayara

En écho à la « crise » déclenchée par l’annulation de la commande des sous-marin, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, met en garde contre le déclenchement d’une nouvelle guerre froide entre la Chine et les États-Unis … appelant les deux pays à revoir leurs relations troublées.

Bien que le Secrétaire général ait utilisé des mots très techniques, derrière lesquels il a voulu effrayer le monde qui l’écoute et souligner qu’il regarde l’avenir de l’humanité (tel que climat, intelligence artificielle, technologies modernes, etc…), il n’a pas « fait attention » au fait que nous sommes en guerre froide depuis la fin de la mondialisation.. .

Et en cas de guerre froide, comme celle contre laquelle le Secrétaire général met en garde, ce sera une guerre économique, et a le recul, on peut voir que la précédente guerre froide a été bénéfique aux petits États en raison de la concurrence des géants.

De même une raison qui chasse l’idée d’une guerre « chaude » est que les « géants » sont détenteurs d’armes nucléaires, et il est évident que les armes nucléaires empêchent les guerres directes. Cela n’empêchera pas des escarmouches sanglantes dont les acteurs seront les pays satellites.

Les quatre puissances sur la scène sont ,les  États-Unis à la tête d’une alliance anglo-saxons – Canada, Australie, Nouvelle-Zélande et Grande-Bretagne) ce bloc poussé par l’histoire vers une alliance très forte (cela a été prouvé il y a des années par le système d’espionnage connu par le terme Echelon, ainsi que la crise des doses de vaccins de l’année dernière où malgré les accords signés par l’Europe la priorité fut donnée à ces pays)

La deuxième puissance c’est la Chine, la troisième c’est la Russie et la quatrième c’est l’Union européenne.

Et que deviennent l’Inde et le Japon ?

La rencontre, qui aura lieu le 24 septembre à New York, et devrait réunir l’Australie, le Japon, l’Amérique et l’Inde, est une tentative de Washington de renforcer l’encerclement de la Chine.

En effet, l’Inde craint la montée en puissance chinoise dont les navires militaires multiplient les exercices conjoints avec la marine du frère ennemi pakistanais dans l’océan Indien. New Delhi craint également craignez également que Pékin vende des technologies et des équipements et des armes au Pakistan renforcé après le retrait américain d’Afghanistan.

Quant au Japon, il veut avoir un rôle pour conjurer les dangers de la Chine, mais en même temps voudrait maintenir des relations économiques très lucratives avec le continent. L’emplacement du Japon dans les mers entourant la Chine en fait l’un des acteurs les plus percutant de la région.

Regardons la carte, la Chine ne peut accéder aux eaux de haute mer sans passer par les eaux territoriales japonaises. Pékin profite maintenant de ce qu’on appelle un « passage innocent ». Mais le Japon peut le restreindre à tout moment se qui peut être la base d’un conflit.

Cependant, cette réalité géographique à proximité de la Chine a des répercussions sur la stratégie globale des États-Unis dans la région.

S’ajoute à cela la volonté de la Chine de « reprendre » Taiwan, car la prise de contrôle de l’île « rebelle » lui ouvre la voie maritime vers la Mer de Chine méridionales sans passer par les eaux territoriales japonaises, et de plus lui donne la possibilité de fermer le détroit de Taïwan. Taïwan est un « bijou » qu’il faudrait défendre à tout prix car c’est un pôle technologique très important : c’est le premier et le plus grand fabricant de puces électroniques devenues une matière stratégique pour les guerres du future, et pour toute l’industrie électronique… et les principaux importateurs de ces puces sont l’Amérique et Chine.

A partir de là, nous comprenons que les flottes occidentales parcourent la région (et après environ 15 ans les sous-marins australiens feront la même chose !) l’Occident doit protéger Taïwan.

La mise en place de l’alliance AUKUS a râté une marche en excluant la France.

La France a une forte présence dans l’océan Pacifique Sud, ses eaux territoriales dans la région sont plus grandes que les eaux territoriales de l’Australie et elle dispose de bases navales pour protéger l’archipel polynésien et l’archipel calédonien, et le nombre de Français déployés dans ces îles avoisine les deux millions de citoyens.

L’Union européenne a soutenu la France dans la crise des sous-marins, les 27 ministres des Affaires étrangères « ont clairement exprimé leur solidarité avec la France » et ont offert « un soutien clair ».

La coopération est le mot manquant dans l’alliance AUKUS, car la France et l’Union européenne, et notamment l’Allemagne, appellent à coopérer avec la Chine sans perdre de vue sa montée en puissance militaire et ses abus dans le registre des Droits de l’Homme.

Un appel au rapprochement avec l’Inde et le Japon peut former une plate-forme « coopérative » entre Pékin et Washington et peut jouer un rôle plus important que le rôle des blocs militaires.

Note : La France possède un littoral de 18 450 km et un plateau continental de plus de 10,2 millions de km2, dont 4 804 000 km2 au large de la Polynésie, 1 727 000 km2 au large des terres australes et antarctiques et 1 364 000 km2 Entourée par la Nouvelle-Calédonie ce qui constitue le deuxième plus grand espace maritime du monde, après les États-Unis et bien plus que l’Australie, la Russie et la Grande-Bretagne.