Avec Donald Trump la dualité puissance et morale n’est plus tenable

L’approche des États-Unis aux affaires du monde et à la politique sont ambigus, et laissent perplexe même les experts et les chercheurs les plus chevronnées.

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Bassam Tayara

Qu’a fait Donald Trump? Il a réveillé le Monde sur le rôle des États-Unis. Oui un rôle qui était caché derrière un mot savant «soft power» et un mot plus terre à terre « Hollywood »!

Il a suffit que des changements politiques profondes suivent les dernières élections pour diriger la lumière sur l’implications de  ce grand pays dans l’ordre mondial à travers son économie et sa richesse.

La transformation des États-Unis, est révolutionnaire, ils sont passés du statut de garant de l’ordre mondial à celui de première source d’instabilité, ce qui appelle à un changement radical dans la façon dont le monde est compris et organisé après ce qu’on peut appeler sans hésitation le déclin de l’hégémonie américaine.

L’approche des États-Unis aux affaires du monde et à la politique est ambigue, et laissent perplexe même les experts et les chercheurs les plus chevronnées.

Les États-Unis ont leurs propres normes morales, qui au grè de son influence commençaient à devenir la «norme». Washington peut être appelée à intervenir dans un conflit étranger, et parfois elle est condamnée pour ses interventions étrangères dans certains cas!  Et c’est au nom de cette norme qu’apparaît la contradiction quand des actions décrites comme impérialistes sont dénoncées.

Cette dualité dans la vision des États-Unis existe : un État qui viole délibérément le droit international et un État qui est seul capable de maintenir la loi et l’ordre.

Fallait-il se débarrasser de Saddam Hussein, quitte à violer le Droit international? Ou par ailleurs attaquer la Somalie de Siyad Barr remplacé par un « no man land » où prospère des multiples franges terroristes? Ou envahir le Panama pour en finir avec Noriega l’homme de la CiA ?

Que de questions qui se sont posées après chaque action brutale de Washington. C’est une idée illusoire selon laquelle les États-Unis se soucient -par les armes- d’un conflit dans lequel ils n’ont aucun enjeu direct: Occuper le Nord de la Syrie, bombarder le Yémen, aider Israël à bombarder les trois pays sur ses trois frontières… et maintenant l’Ukraine.

Avec l’arrivée de Donald Trump cette dualité, n’est plus tenable.

Le cas de l’Ukraine est beaucoup plus problématique: la nouvelle équipe américaine se soucie de ses intérêts en laissant l’ogre russe avaler la moitié de ce pays au coeur de l’Europe.
Washington abandonne l’Ukraine et impose des tarifs douaniers à ses alliés. Elle lorgne vers le Canada et menace le Groeland! Est ce que cette politique indique la viabilité des États-Unis en tant qu’acteur puissant capable de recourir à la rationalité, voire à la moralité.

Les questions d’aujourd’hui tournent également autour de la manière dont, l’Afrique, l’Europe et le reste du monde peuvent s’éloigner des États-Unis, des programmes de l’USAID intégrés aux budgets de santé des pays en développement et de son système mondial d’aide et de dissuasion militaires.

Le défi auquel le monde est confronté est à la fois matériel et moral. Il est difficile d’imaginer un monde après l’Amérique, qui a façonné ce monde.

Ainsi, lorsque les États-Unis deviennent un acteur volatile, la structure du système financier mondial commence à vaciller. La force de l’État de droit et la séparation des pouvoirs, pierres angulaires de la confiance dans l’économie, sont mises en doute.

Il y a une certaine inquiétude à accepter cette situation.

Malgré toutes ses violations sous la marque « made in USA », l’émergence d’un monde post-américain est déconcertante et fait peur. Un monde dans lequel il n’existe aucune autorité ultime peut être plus effrayant qu’un monde dans lequel l’autorité est profondément égoïste et méchante.

Ce qui est inquiétant, c’est la possibilité d’un chaos dans un monde nouveau dépourvu de tout principe organisateur dans un système post-idéologique, où chaque pays doit être responsable de lui-même.

Ironiquement, tout ce qui se passe pourrait être le début d’un processus qui conduira à de véritables libérations , il va y avoir de la souffrance à venir, mais il y aurait aussi une sorte d’indépendance de ce soft power. La définition de la paix et de la prospérité donnée jadis par les États-Unis a toujours été leur prospérité, imposée par la seule force du pouvoir et de ce soft power.

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