Iran: – Pendaisons et nouvelles condamnations de l’ONU
Téhéran a déjà exécuté quatre personnes accusées d'avoir pris part aux manifestations qui secouent le pays
Presse-Net
Ignorant le tollé international provoqué par les récentes exécutions de manifestants, la justice iranienne a annoncé mardi la condamnation à la peine capitale d’un homme pour son implication présumée dans les manifestations, a indiqué l’organe de l’Autorité judiciaire Mizan Online.
Téhéran a déjà exécuté quatre personnes accusées d’avoir pris part aux manifestations qui secouent le pays.
Le tribunal a condamné à mort Javad Rouhi notamment pour « corruption sur terre », « apostasie par profanation du Coran en le brûlant » et « destruction et incendie de biens publics », a-t-il précisé.
Cette condamnation à mort porte à 18 le nombre de personnes condamnées à la peine capitale en lien avec la contestation, selon un décompte établi par l’AFP à partir d’annonces officielles. Parmi elles, quatre ont déjà été exécutées.
Les autorités iraniennes qualifient généralement les protestations d' »émeutes » encouragées par des pays et organisations hostiles à l’Iran.
Javad Rouhi, dont l’âge n’a pas été précisé, a été condamné pour avoir été « le meneur d’un groupe d’émeutiers » à Noshahr (nord), a affirmé Mizan Online.
Début janvier, la Cour suprême avait confirmé la peine capitale de deux hommes en lien avec les manifestations. Ils n’ont donc plus aucun recours et peuvent être exécutés à tout moment.
Le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Türk, a fustigé mardi les condamnations à la peine de mort contre des manifestants pour effrayer la population iranienne et faire taire la contestation, ce qui confine au « meurtre d’Etat ».
Ces exécutions sont « des privations arbitraires de la vie », a insisté Ravina Shamdasani, une porte-parole du Haut-Commissariat lors d’un point de presse à Genève.
« L’ONU est contre la peine de mort en toutes circonstances », a rappelé Mme Shamdasani, qui dénonce dans le cas des Iraniens exécutés « un manque de respect des procédures, des accusations qui sont complètement fallacieuses et qui n’ont aucun sens ».
« Ce sont des accusations de corruption sur Terre et de guerre contre Dieu, qui sont formulées de manière très vague », a-t-elle insisté, faisant aussi état « de graves allégations de torture et de mauvais traitements, des traitements humiliants avant leurs exécutions ».
Selon l’ONG Iran Human Rights (IHR), basée à Oslo, la répression en Iran a fait au moins 476 morts, tandis que plusieurs milliers de personnes ont été arrêtées.
« Je réitère une fois de plus mon appel au gouvernement iranien pour qu’il respecte la vie et la voix de son peuple, qu’il impose un moratoire immédiat sur la peine de mort et qu’il mette fin à toutes les exécutions », a souligné M. Türk.