La Chine se prépare à avaler Taïwan
Pékin a mis en place des préparatifs stratégiques dans les domaines de la finance, de l’énergie et des chaînes d’approvisionnement pour garantir qu’elle puisse maintenir ses opérations nationales et ses capacités militaires même face à des sanctions économique sévère

Bassam Tayara
Est-ce que la Chine se prépare à avaler Taïwan? Cette question n’est plus du domaine des hypothèses.
Face à d’éventuels conflits entre les deux rives du détroit et aux sanctions occidentales, la Chine a mis en place des préparatifs stratégiques dans les domaines de la finance, de l’énergie et des chaînes d’approvisionnement pour garantir qu’elle puisse maintenir ses opérations nationales et ses capacités militaires même face à des sanctions économique sévère. Son niveau de préparation pourrait servir d’indicateur d’alerte sur l’éminence d’un conflit dans le détroit de Taïwan et mérite une attention particulière.
Les « préparatifs à la chinoise » se font de plus en plus visibles. Il y a des indicateurs qui ne trompent pas: le militaires tout le monde en est conscient et ne se cache pas. Mais il y en d’autres indicateurs: financiers et économiques. Ce sont des préparatifs de survie.
Dans le passé, la Chine a importé une grande quantité de produits agricoles des États-Unis, ce qui a créé sa dépendance alimentaire vis-à-vis des États-Unis. Mais Xi Jinping a souligné à plusieurs reprises l’importance de la sécurité alimentaire et a déclaré que « le bol de riz du peuple chinois doit toujours être entre ses mains ». Alors la Chine se se tourne vers l’importation de céréales en provenance des pays du Sud plus proches.
Également toutes les localités ont exigé de manière stricte la restauration ou la reconstitution des terres agricoles occupées illégalement, ce qui a donné lieu à l’étrange phénomène de « routes transformées en terres agricoles », communément appelé « retour des forêts à l’agriculture » ou « rectification et restauration des terres agricoles ».
Cet indicateur est sorti directement d’un adage chinois qui se répète depuis des milliers d’années: « Avant que l’armée ne bouge, la nourriture et le fourrage doivent être entassé ».
Après l’invasion de la Crimée par la Russie, celle-ci a été frappée de sanctions financières par les pays occidentaux, notamment en étant retirée du réseau SWIFT pour couper ses flux financiers.
C’est pourquoi, avant d’envahir l’Ukraine, la Russie a également mené une série de préparatifs en vue d’une « dédollarisation », notamment en convertissant ses réserves de change en dollars américains en or. À l’origine, la Banque centrale russe détenait 30 % de ses actifs en devises aux États-Unis, dont la quasi-totalité a été retirée avant la guerre. Lorsque la Russie a annexé la Crimée, 80 % de ses exportations étaient libellées en dollars américains et moins de 10 % en roubles. Au début de la guerre en Ukraine, les prix à l’exportation exprimés en dollars américains avaient chuté de plus de 50 %, tandis que les prix exprimés en roubles avaient augmenté de près de 20 %.
Ces expériences furent une source d’inspiration considérable pour la Chine. En matière de préparation aux opérations militaires dans le détroit de Taïwan, la préparation économique et financière est encore plus importante que la préparation militaire. Car si un conflit éclate dans le détroit de Taïwan, les pays occidentaux vont sûrement imposer une série de sanctions économiques et financières à la Chine: comme la rupture des liens de la Chine avec le système de règlement en dollars américains, la restriction des exportations de haute technologie.
À cette fin, le gouvernement chinois se prépare depuis longtemps dans plusieurs domaines, tels que l’indépendance financière et la restructuration de la chaîne d’approvisionnement économique, afin de réduire l’impact des sanctions occidentales.
Internationalisation du RMB et dédollarisation et le CIPS
L’une des sanctions que les États-Unis ont utilisées contre la Russie, l’Iran et d’autres pays dans le passé consiste à les expulser du système SWIFT (Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication) et à les empêcher d’utiliser le dollar américain pour les transactions internationales.
Pour éviter ce risque, la Chine a activement promu l’internationalisation du RMB et développé le CIPS (Cross-Border Payment System) pour réduire sa dépendance vis-à-vis du SWIFT. En outre, comme la Chine importe chaque année une grande quantité de matières premières telles que le pétrole de l’étranger, elle étend activement les règlements libellés en RMB avec des pays comme la Russie, l’Iran et l’Arabie saoudite.
Elle encourage les pays d’Asie du Sud-Est, d’Afrique, d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud à utiliser le RMB pour le commerce bilatéral afin d’affaiblir la domination du dollar américain dans l’économie mondiale. Pour garantir que même si la Chine est bloquée par l’Occident, elle puisse toujours garder un flux financier et commercial avec autres parties du monde.
RMB numérique
Par le passé, afin d’éviter la dépendance aux systèmes de paiement dominés par les États-Unis (tels que Visa et MasterCard) pour le règlement des transactions entre les consommateurs et les banques, China UnionPay Co., Ltd. a été créée pour fournir des services de paiement et de règlement interbancaires et des réseaux d’échange d’informations interbancaires.
Récemment, avec la tendance de divers pays à développer des monnaies numériques de banque centrale elle a promu les monnaies numériques de banque centrale « de détail » et « de gros » développe principalement des transactions entre banques centrales, pour se débarrasser du risque d’être étranglé par SWIFT.
La monnaie numérique de banque centrale « de détail » était à l’origine destinée à palier le manque de liquidité et à réduire l’influence des paiements électroniques privés (tels que WeChat et Alipay), mais de nombreux Chinois espèrent également qu’elle pourra partager la fonction d’internationalisation du RMB. Pékin encourage sa propre population à l’utiliser, et met en place des efforts pour promouvoir l’utilisation du RMB numérique à l’étranger dans le Golfe surtout.
Bien que cela ne se soit pas encore produit, des dizaines de pays (dont Taïwan !! ) peuvent désormais télécharger des portefeuilles numériques RMB APP en anglais et en chinois traditionnel.
Tout est fait pour que le bol de riz reste entre les mains des Chinois!