La grogne des agriculteurs en Europe
Ils affirment que la moitié d’entre eux devra cesser leur activité dans les douze prochains mois si rien n'est fait
Presse-Net (Agences)
En France, en Allemagne, en Roumanie ou encore en Pologne, les manifestations d’agriculteurs se multiplient. Ils portent des revendications diverses mais une même colère à l’encontre de l’Union européenne, dont les normes sont jugées trop restrictives.
France
Le premier syndicat agricole français, la FNSEA, a annoncé lundi 22 janvier, via son président, Arnaud Rousseau, le lancement dans toute la France d’actions d’agriculteurs appelant le gouvernement à entendre leur « ras-le-bol » et leur « colère ». Les agriculteurs français manifestent leur colère depuis plusieurs semaines.
Ils dénoncent des charges financières et des normes environnementales jugées trop lourdes. La hausse progressive de la fiscalité sur les carburants (Gaz non Routier) amplifie le ras-le-bol. La profession est aussi échaudée par les reports successifs du projet de loi agriculture, promis il y a plus d’un an par Emmanuel Macron et finalement moins ambitieux que la « loi d’orientation agricole » initialement annoncée.
Une grogne qui fait écho à celle qui retentit en Europe. De l’Allemagne à la Roumanie en passant par la Pologne ou le Royaume-Uni, les agriculteurs multiplient les actions. S’ils portent des revendications diverses, tous s’élèvent contre la hausse des taxes et le Green Deal, pacte vert européen qui fixe des objectifs de réduction des pesticides. Le tout dans un contexte marqué par des événements climatiques extrêmes, la flambée de leurs coûts de production ou la concurrence des importations ukrainiennes.
Allemagne
En Allemagne, les agriculteurs ont mené de grandes protestations la semaine dernière. Après des blocages de routes dans tout le pays, des milliers d’agriculteurs avec leurs tracteurs avaient convergé vers Berlin lundi dernier pour une grande manifestation pour demander au gouvernement d’Olaf Scholz de renoncer à ses projets de suppression d’avantages fiscaux pour leur profession.
En effet, la réforme de la fiscalité sur le diesel agricole prévoit à partir de 2026 la suppression d’une exonération dont bénéficiait la profession.
« Plus vite le gouvernement allemand proposera une solution pour retirer ses projets d’augmentation d’impôts, plus vite les agriculteurs quitteront la rue », a prévenu le président de la Fédération allemande des agriculteurs, Joachim Rukwied.
Roumanie
Le ras-le-bol monte également en Roumanie. La semaine dernière, routiers et agriculteurs ont manifesté contre les taxes qu’ils jugent exorbitantes. Sous le slogan « Frères fermiers, unissez-vous ! », les manifestants ont bloqué les voies d’accès à Bucarest, puis les routes qui mènent aux pays voisins, notamment l’Ukraine, dont les produits importés à bas prix dévalorisent la production locale.
Les agriculteurs demandent que le gouvernement accélère le calendrier de versement des subventions et réclament des compensations à la suite de la sécheresse et au manque à gagner lié à l’ouverture du marché européen aux céréales ukrainiennes. Le blocus russe des ports ukrainiens de la mer Noire a transformé la Roumanie en une plaque tournante pour le transit des céréales ukrainiennes, en particulier par le port de Constanta.
Pologne
Début janvier, après une courte pause pendant les fêtes, les fermiers polonais, ont recommencé à bloquer les points de passage à la frontière avec l’Ukraine pour empêcher les importations de grains. Ils manifestaient depuis novembre contre cette « concurrence déloyale», à savoir l’entrée de céréales ukrainiennes à prix cassés dans l’Union européenne, et exigeaient des subventions sur le blé.
Pour mettre fin à cette fronde, ils sont parvenus mi-janvier à un accord avec le gouvernement. Le ministre polonais de l’agriculture, Czeslaw Siekierski, a promis des subventions de 230 millions d’euros, un accroissement des prêts agricoles « d’au moins 620 millions d’euros » et le maintien des impôts sur l’agriculture au niveau de l’année 2023. Ces promesses ne seront mises en œuvre qu’après validation par l’Union européenne.
Royaume-Uni
Outre-Manche, le Royaume-Uni n’est pas par épargné par la colère. Des producteurs de fruits et légumes britanniques ont prévu de manifester lundi devant le Parlement à Londres, pour protester contre les contrats d’achats « injustes » qui les lient aux six principales enseignes de la grande distribution du pays.
Ils affirment que près de la moitié d’entre eux devra cesser leur activité dans les douze prochains mois à cause du manque de régulation dans le secteur agroalimentaire.