Le « dôme de l’Islam » d’Ahmad el-Charaa sur la Grande Syrie historique
Où est l argent des Syriens (disparu dans la faillite du système bancaire libanais)... Cette question vient en réponse à la demande de Mikati de faciliter le retour des réfugiés syriens
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Bassam Tayara
Avec l’arrivée de Hay’at Tahrir al-Cham (HTS) en Syrie s’ouvre un sujet délicat qui trempe dans l’histoire, la géographie et la religion à la fois. Car la désignation (HTS) qui est toujours de mise n’a pas changé et porte son historique!
Religieux : HTS prône une vision islamique de la gouvernance. Ses leaders ont exprimé -dans leurs écrits et déclarations- l’ambition d’établir un État islamique sur le « pays al-Cham ». Mais c’est vrai que ce fut bien avant leur entrée à Damas. S’ajoute à cela que leur interprétation du jihad et de l’islam est contestée et contrariée à la fois, par d’autres groupes salafistes internes et acteurs régionaux.
Histoire: « Bilad al-Cham », ou « la Grande Syrie », désigne une région historique qui inclut les territoires modernes de la Syrie, du Liban, de la Jordanie et de la Palestine, et que étaient considérés comme « presque un seul pays ».
Géographie : Le mélange « explosif » est l’idée que Hay’at Tahrir al-Cham (HTS), dirigé par (Abdallah al-Joulani) de son nom Ahmad el-Charaa, puisse libérer la Syrie historique (tahrir) – Liban, la Jordanie et la Palestine occupée, pour constituer un « dôme de l’Islam » elle est sujette à débat.
Est-ce que le contexte régional l’autorise ? HTS a également des relations tendues avec d’autres factions de l’opposition syrienne et des groupes islamistes qui peuvent ne pas partager sa vision ou ses objectifs. La communauté internationale, notamment certains pays occidentaux et arabes, considère HTS toujours comme un groupe terroriste, ce qui complique toute perspective d’unification sous une gouvernance religieuse.
La notion de « dôme de l’Islam » suggère une forme d’unité et d’influence sur une large zone géographique,(al-Cham) ce qui pourrait être difficile à atteindre dans ce contexte.
L’idée que l’islam constitue un « dôme » fait référence à la notion d’unité et de protection de la communauté musulmane. C’est une métaphore mais qui a des effets directs – peut-être invisibles- sur la marche de la politique dans plusieurs pays .
Mais si on veut regarder ce dôme à l’échelle de HTS cette notion de dôme prend une autre dimension non-restrictive au vu de l’histoire depuis 1920 et cela pour plusieurs raisons.
La présence des minorité suite au soubresauts de l’Histoire et les découpage « moderne » des frontières ont créé « ces entités ». Si Al-Charaa ne désignait pas la Syrie historique pourquoi n’utilise-t-il pas « Hay’at Tahrir la Syrie »?
Les minorité ont toujours été au coeur du concept du dôme de l’islam, vu comme un refuge spirituel qui protège les croyants, donc exclut les non-croyants de plusieurs aspects de la vie de la cité.
Durant des décennies Hafez Assad avait favorisé les communautés alawite, kurde, druze pour tenir le pouvoir, et il a été toléré par la majorité sunnite car la bourgeoisie sunnite profitait de son système et de la mainmise sur les débouchés commerciaux au Liban et le transit.
Maintenant c est la majorité sunnite qui tient le pouvoir et le système. Quand le pouvoir se stabilisera la géographie imposera le retour de l’Histoire: La Syrie a toujours influencé le Pays du Cèdre.
Ceci explique la question que paraît-il Al-Charaa a posée au Premier ministre libanais Nagib Mikati lors de sa première visite: Où est l argent des Syriens (disparu dans la faillite du système bancaire libanais). Cette question vient en réponse à la demande de Mikati de faciliter le retour des réfugiés syriens (2,1 millions au Liban).
L’homme fort de Damas parlait au nom de la bourgeoisie syrienne. Sa réponse rendez « notre » argent on pensera « à inviter » les deux millions de syriens à revenir!
Que se pacsera-t-il quand HTS sera conforté dans le pouvoir?