Les ânes de Gaza et les régimes arabes

Hamza Al-Bishtaoui *

Les ânes parcourent les sentiers fatigués et obscurs de Gaza, traversant un chaos filtré entre la réalité et les espoirs. Étonnés face aux événements et aux défis qui se déroulent sur leur chemin.
L’histoire témoignera plus tard, et nous qui avons vécu la guerre, que les ânes, sans se plaindre ni gémir, ont fait leur devoir et ont apporté leur soutien à la population de la bande de Gaza, et cela plus que la plupart des régimes arabes officiels, qui n’ont pas pu arrêter la guerre, ni briser le siège ni fournir de l’aide… notamment le carburant dont les hôpitaux et les gens ont besoin crucial, pour se déplacer et avoir de l’électricité.
Ce dont n’ont pas fait les régimes arabes et leurs élites épuisées sur les réseaux sociaux, et qui se contentaient de contempler le déroulement de l’agression.
Cependant, les ânes de Gaza, avec leur magnanimité, ont voulu se tenir aux côtés du peuple. Ils ont rejeté toutes les formes d’impuissance et de trahison.
Les ânes ont pris la décision de se tenir aux côtés du peuple, ignorant les obstacles. Refusant de se soumettre à tous les régimes arabes, aux puissance régionales et et aux puissants internationaux … ils ont travaillé, malgré les restrictions israéliennes, pour transporter les personnes, les blessés, les martyrs, les marchandises, la nourriture et l’eau, et cela sans se plaindre de la grave pénurie de foin et d’orge, due au siège, ce qui ne les a pas empêchés de jouer un rôle intelligent et combatif en soutien aux Gazaouis.
C’est ce qui a poussé les ânes de Gaza, avec une conviction totale et une volonté solide, à parcourir, comme un roc en mouvement, les rues de cette terre labourée par les bombardements…face aux trous et entre les décombres, face aux tireurs isolés des soldats d’occupation et à la menace d’arrestation.
Les ânes, grâce au soutien tangible qu’ils ont apporté, ont exprimé clairement et franchement leur personnalité et leur solidarité envers le peuple et leur rejet de la modernité sauvage.
C’est pourquoi les ânes ont été soumis, avant même l’agression actuelle, à une attaque israélienne féroce et systématique, visant à les empêcher de vivre et d’aider les gens dans la bande de Gaza. Sous des prétextes fallacieux de mauvais traitements et ou de cruauté envers les animaux le meurtre délibéré d’ânes par les bombardements aériens et d’artillerie et des arrestations forcées, sans parler des attaques répétées des colons,.
La dernière exaction en date: un colon tue un âne, lui coupe la tête et l’accrochant au mur d’un cimetière islamique à Jérusalem. Il ne s’agit pas uniquement d’un acte de profanation du cimetière, mais plutôt de représailles au soutien fourni par ces ânes et leur solidarité avec le peuple et à l’impact de leur labeur sur des situations difficiles et tragiques.
Ces ânes ont été témoins de beaucoup de massacres et de destructions, et ils ont entendu les passagers pendant qu’ils les transportaient de nombreuses histoires, discussions politiques et récits de drames. On dit qu’un âne a entendu l’histoire d’un jeune homme qui poussait sa mère dans un fauteuil roulant, un soldat israélien lui a demandé à travers un haut-parleur de char de la laisser sur place, et lorsque le jeune homme a refusé en disant : « C’est ma mère! » Le soldat l’a tuée par balle et a dit au jeune homme : « Maintenant, tu peux la quitter! »
C’est ce qui a poussé l’âne à continuer de marcher à pas lourds et de brailler fort.
Au milieu du soutien apporté par les ânes et des difficultés qu’ils endurent, un homme a dit à ses fils : L’histoire écrira que les ânes de Gaza étaient loyaux envers la terre et le peuple, beaucoup plus que certains régimes arabes. Ces ânes ne nous ont pas laissé tomber.
Après la fin de la guerre, une cérémonie spéciale à l’honneur des âne sera organisée, en remerciement pour leur soutien et leurs services, en tant que partenaires dans la patience, la résilience et la victoire.

* (Al-Akhbar – Liban)