l’Europe se réveille: Élysée I sera suivi d’Élysée II
Paris réussira-t-elle avec les « petits bras » ce que les « gros bras » n’ont pas pu concrétiser: RENFORCER L’UE pour faire face à Trump?
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Paris (Presse-Net)
Un sommet d’urgence des principales puissances européennes s’est tenu lundi 17 février à Paris. Un deuxième sommet se tiendra le mercredi 19 soit deux jours après!
Les causes sont l’urgence de la situation du fait de la défaillance du « protecteur américain » et du presque échec de la première réunion. Les pays participants à la première réunion: le Royaume-Uni, l’Allemagne, l’Espagne, l’Italie, la Pologne, les Pays-Bas et le Danemark. Cette « réunion d’urgence » portant sur l’Ukraine.
Les chefs de ces pays n’ont pas réussi à adopter une stratégie unifiée pour répondre aux négociations -entre Américains et Russes- visant à arrêter la guerre en Ukraine.
Donald Trump avait fait du… Trump: un appel téléphonique avec le président russe Vladimir Poutine qui a laissé les Européens et surtout les Ukrainiens sur le carreau de la surprise.
Mais maintenant les langues se sont déliées: Trump et Poutine discutaient bien avant la prise de fonction à la Maison Blanche et peut-être avant élections américaines.
Les dirigeants européens réunis le lundi étaient divisés sur le rôle qu’ils pouvaient jouer pour mettre fin à la guerre, tandis que les Américains affichaient un mépris total pour leurs alliés du Vieux Continent, qui avaient financé le régime de Kiev pendant trois ans de combats et mis en place un blocus commercial complet de la Russie qui, d’une manière ou d’une autre, a déclenché l’une des pires crises économiques de l’histoire de l’Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.
Le sommet d’urgence convoqué par le président français Emmanuel Macron, limité aux dirigeants des pays « du front » ainsi qu’à de hauts représentants de l’Union européenne et au secrétaire général de l’OTAN Mark Rutte, a été prolongé de 90 minutes au-delà du temps prévu, et ses sessions se sont tenues en présence uniquement des dirigeants, sans conseillers ni ministres, et aucune déclaration finale n’a été publiée, reflétant une division de positions qui n’a pu être surmontée.
Il semble que les Européens soient divisés entre trois tendances :
– Un groupe pragmatique dirigée par la Grande-Bretagne qui veut accepter la réalité de la dépendance du continent vis-à-vis des États-Unis, et par conséquent mettre en œuvre ce que ces derniers jugent approprié à ce stade ;
– Un groupe de résistance dirigée par la Pologne estime que Washington ne devrait pas gérer seul les négociations pour mettre fin à la guerre, et souligne la nécessité d’impliquer les Européens et le régime de Kiev dans la conception de la portée des négociations et la détermination de leurs limites ;
– Un troisième groupe – qui comprend notamment l’Allemagne et la France – est mécontent de la manière dont l’administration américaine gère la relation avec l’Europe dans son ensemble, mais il se trouve sur un terrain localement instable et n’a pas l’autorité suffisante pour prendre des positions dures face au « tsunami trumpien », et préfère garder les lignes de communication avec Washington dans les coulisses et hors de la sphère publique.
Ce qui expliquerait le coup de téléphone entre Macron et Trump une heure avant de début de la réunion.
Le Premier ministre britannique Keir Starmer, qui tente de positionner son pays comme un pont médiateur entre les deux côtés de l’Atlantique, a anticipé le sommet européen en annonçant la volonté du Royaume-Uni d’envoyer des forces pour mettre en œuvre un accord conclu par les Américains avec Moscou sur l’arrêt de la guerre, et aussi pour représenter une garantie de sécurité pour le régime de Kiev pour le lendemain.
Starmer a déclaré à ses alliés européens que « les récentes positions de l’administration américaine ne devraient surprendre personne » et que l’Europe devait en effet « assumer la responsabilité de sa propre sécurité ».
Concernant les négociations sur l’Ukraine, il a déclaré : « L’Europe doit jouer un rôle, mais tout règlement ou toute future garantie de sécurité pour l’Ukraine nécessitera nécessairement le soutien américain, car c’est la seule manière de dissuader efficacement la Russie d’attaquer à nouveau son voisin. »
De son côté, le Premier ministre polonais Donald Tusk a réitéré la position de son pays selon laquelle les décisions sur l’arrêt de la guerre ne devraient pas être prises sans l’Ukraine et l’Europe.
Avant le sommet, Tusk avait annoncé avant la réunion « Si nous, Européens, ne parvenons pas à dépenser des sommes importantes pour la défense maintenant, nous devrons dépenser dix fois plus si la guerre s’étend. »
Concernant la proposition britannique d’envoyer des troupes sur le terrain, Tusk a annoncé que Varsovie « n’enverra pas de troupes en Ukraine, mais est prête à fournir un soutien logistique et politique aux pays qui souhaiteraient fournir de telles garanties de sécurité au régime de Kiev à l’avenir ».
Le chancelier allemand Olaf Scholz, qui doit affronter dimanche une élection cruciale qu’il risque de perdre, a maintenu sa prudence de longue date concernant le déploiement, déclarant que « toute discussion sur cette question est prématurée ».
Ce n’est pas le bon moment pour le faire. Il n’a pas caché qu’il était « un peu agacé par cette proposition », et a déclaré aux journalistes avant d’entrer au sommet : « Personne ne pense actuellement à envoyer des troupes en Ukraine.
Le président français dans son appel téléphonique à Trump apparemment pour tâter le terrain, ce dernier avait présenté « une proposition française » de compromis pour envoyer des forces de soutien européennes en Ukraine si la médiation du président américain réussit, à condition que ces forces soient stationnées derrière les lignes de cessez-le-feu, et non directement sur elles.
Mais le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Alvarez, a déclaré : « La paix (en Ukraine) est encore très loin et pour une seule raison : Vladimir Poutine. »
Ainsi, les dirigeants européens s’affrontent dans « le coin pour enfants où les ont placés les Américains concernant l’avenir de l’Ukraine » – comme l’a exprimé Armin Paberger, le PDG d’une des plus grandes entreprises de défense allemandes, dans son interview au Financial Times basé à Londres – au moment même où des discussions exploratoires se déroulent entre les parties russe et américaine à Riyad.
La nouvelle réunion Elysée II réunira ceux qui n’ont pas été invités à la première soit: les pays baltes, la Belgique, le Canada, la Finlande, la Grèce, la Norvège, la République tchèque, la Roumanie et la Suède.
Paris réussira-t-elle avec les « petits bras » ce que les « gros bras » n’ont pas pu concrétiser: RENFORCER L’UE pour faire face à Trump?