Liban : … mais c’est le Gaz … idiot(s)
L'élection d'un président au Liban traîne car elle tourne autour du pot
Jean Akl*
Avec la fin des vacances le « menhir » Jean-Yves Le Drian revient au Liban. Il a fait précéder sa venue d’une lettre adressée à presque tous les partis et groupes politiques représentés au Parlement libanais. Cette lettre qui ressemble à un devoir de vacances devait être rendue « au plus tard avant le 31 août ». Le contenu sous forme de deux questions qui paraissent à première vue simples : i) Quels sont les projets qui ont une importance majeure pour votre groupe politique ii) Quelles sont les qualités requises d’un future président pour qu’il puisse accomplir ces projets.
Cette missive, passée comme une lettre à la poste, ne fit presque pas l’objet d’analyse et de commentaires dans les médias libanais, mais une copie fut diffusée sur les réseaux sociaux comme si Le Drian l’avait adressée à tous les Libanais résidents et immigrés.
Mais force de constater que la plupart des analyses politiques, pour une raison énigmatique, évitent d’aborder la question de l’élection présidentielle.
Au fait en contradiction avec le contenu du questionnaire de Le Drian cette élection ne se focalise pas sur des noms de candidats ni de programmes présidentiels. Elle ne s’appuie pas sur des thèmes majeurs comme les armes de la résistance (Hezbollah) ou bien la vision économique ou même un plan de sauvetage financier pour rembourser même de façon mineur les dépôts des Libanais spoliés.
L’élection présidentielle au Liban n’est que la face cachée d’accord sur le partage du « fromage ».
Et le nouveau fromage qui remplacera les épargnes et les dépôts des Libanais qui ont fondus sera les revenus des champs de pétrole et gaz que Total, en phase d’exploration, est sur le point de commencer l’exploitation.
Par conséquent, l’élection présidentielle n’est pas liée à la personne du président, mais à un package de gouvernance, qui inclut la présidence de la république, le profil du gouvernement, de la Banque centrale, aux rouages du ministère de l’Énergie, et enfin à la réglementation du fond souverain qui devrait gérer les recettes pétrolières et gazières.
Dans un passé pas trop lointain, tous les responsables qui tiennes les rennes du Pays du Cèdre, avaient compris que la pyramide de Ponzi avait rendu l’âme, et ont réalisé que l’effondrement approchait car la stabilité financière vivait ses derniers jours. Il leur fallait une nouvelle ingénierie financière pour continuer à profiter de leurs positions et ramasser les fortunes qui leur permettront de continuer à tenir en laisse chacun sa population en distribuant des miettes.
Ils ont essayé de tromper les donateurs par le biais de la conférence du « Cèdre » avec de promesses de de réformes qui faisaient partie des conditions des bailleurs de fonds. La tromperie n’a pas marché et l’on se souvient que la conférence s’est terminée dès que la photo commémorative du président Emmanuel Macron, de Saad Hariri et Jean-Yves Le Drian fut prise !
L’Histoire nous apprend que les ressources naturelles telles que le pétrole et le gaz ou tous autres minerais apportent des guerres et des calamités aux pays du tiers monde qui possèdent ces richesses.
Le droit international, la souveraineté de ces États et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes sont des slogans qui ne peuvent épargner à ces États les calamités dues à l’hégémonie des grands groupes qui exploitent ces richesses et a la mainmise sur les ressources naturelles de ces États.
Il suffit de se tourner vers les pays africains riches en ressources naturelles et on remarquera que leur monnaie nationale n’a aucune valeur, et que les populations n’ont aucune confiance en leurs banques et que leurs systèmes sont généralement fragiles et que la corruption endémique.
Exactement comme le Liban d’aujourd’hui!
Alors à quoi bon le questionnaire de Jean-Yves Le Drian? ». L’envoyé spécial de Macron, comme les chancelleries occidentales , surtout Paris, connaissent bien les politiciens libanais, et cela depuis fort longtemps.
Alors à quoi bon savoir si le président est un universitaire ou non, un militaire ou non, un économiste ou non ? Ce sont des qualificatifs bons pour un CV mais pas pour tenir l’équilibre au sein de l’oligarchie libanaise.
Il n’est pas difficile – ni interdit- de penser que ce que subit le Liban avec ses nouvelles ressources sous ses eaux représente les fléaux des pays en développement et … sur quoi s’appuient les puissances pour serrer leur contrôle.
Ce fromage issu du partage des restes des revenus pétroliers et gaziers prolongera la vie du système libanais sectaire, confessionnal et brutal, dénoncé à haute-voix, mais nécessaire pour garder le contrôle sur cette manne aux mains des grands du monde.
Alors le slogan « rendre l’argent des déposants » n’est qu’un mythe !
Et malheureusement avec ce questionnaire envoyé par Le Drian aux piliers de ce régime entretient un espoir vain auprès des Libanais spoliés par des banques complices.
Le Drian ne sera pas le sauveur des Libanais il cherchera à sauver le système. D’ailleurs sa mission émane du quinté qui s’est réuni à Djeddah (aux côtés de la France l’Arabie saoudite, les États-Unis, le Qatar et l’Égypte) et pour ces puissances régionales et autres, ce qui compte ce ne sont que deux facteurs : la stabilité politique de la société, et la poursuite de l’extraction et de l’exportation de gaz et de pétrole sans encombre. Et surtout empêcher l’arrivé de dirigeants indomptables avec des idées effarantes telle que nationaliser les revenus de ces richesses pour rendre aux déposants libanais leurs épargnes.
A suivre : que faire de cette manne de gaz ?
Traduction adaptée de l’article paru dans « 180post » (https://180post.com/archives/39460 )