Liban: une prochaine modification officielle du régime de change

Deux mois après que le cabinet Alvarez & Marsal ait jeté l'éponge, le gouverneur de la Banque centrale affirme qu'il ne s'oppose pas à l'audit juri-comptable.

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Presse-Net – Beyrouth
Dans un entretien diffusé vendredi soir sur la chaîne France24, le gouverneur de la Banque du Liban (BDL), Riad Salamé, a  déclaré « qu’il faut unifier le taux de change (dollar/livre libanaise) », étant donné qu’il existe désormais trois taux différents: le taux officiel (1 507,5 livres fixé par la BDL depuis 1997); le taux utilisé pour le retrait depuis des comptes libellés en devises, sur lesquels s’appliquent des restrictions depuis la fin de l’été 2019 (3 900 livres, circulaires n°151 et 572 d’avril et d’octobre 2019); et enfin le taux du marché noir, qui frôle actuellement les 9 000 livres. Il préconise donc de s’entendre « avec le Fonds monétaire international » (FMI), et précise par la suite que « le taux de change sera flottant mais qu’il y aura des interventions pour qu’il n’y ait pas d’excès ».

Le gouverneur opte donc pour une modification officielle du régime de change, qui était depuis 1997 fixe et ancré sur le dollar américain. Le taux sera donc décidé par le marché, selon l’offre et la demande de la livre, avec des interventions exceptionnelles de la Banque centrale pour éviter des attaques spéculatives contre la livre, comme ce fut par exemple le cas en 1992. Interrogé à ce sujet, il a indiqué ne pas regretter d’avoir mis en place en 1997 le régime de change fixe car « la situation a permis au Liban de se développer ».

Riad Salamé a également déclaré ne pas être contre l’audit juri-comptable que le gouvernement sortant de Hassane Diab veut effectuer depuis le printemps 2019. Et ce alors même l’entreprise Alvarez & Marsal avait jeté l’éponge en novembre en raison du refus de la Banque centrale de transmettre les documents requis pour l’audit, sous prétexte de secret bancaire.

Le cabinet américain était chargé du volet juri-comptable, et devait donc traquer les transactions frauduleuses qui ont suivi la « révolution d’octobre 2019 » et remonter aux bénéficiaires. Selon M. Salamé, le vote par le Parlement en décembre d’une loi autorisant la levée temporaire (pour un an) du secret bancaire sur les comptes de la BDL et les institutions publiques, lui a donné raison, le blocage se trouvant auprès des comptes tiers, soient ceux du gouvernement et des banques. Il a donc confirmé que « la BDL a d’ores et déjà informé le gouvernement que tous les comptes tiers sont à sa disposition », permettant alors la poursuite de l’audit.

L’Etat libanais a à nouveau sollicité, fin décembre, Alvarez & Marsal pour rédiger un nouveau contrat qui engloberait également les institutions publiques, mais l’entreprise n’a toujours pas répondu publiquement à cette demande.

Plan pour le secteur bancaire

Concernant les transferts de fonds vers l’étranger, le gouverneur a précisé « qu’entre octobre et décembre 2019, 2,6 milliards de dollars sont sortis du pays, dont 1,6 milliard à destination des banques correspondantes » et 1 milliard dans les comptes privés des particuliers. « Les Libanais ont retiré durant les derniers 12 mois 30 milliards de dollars de leurs comptes, 20 milliards pour couvrir les crédits et 10 milliards » sont entre leurs mains. Il a indiqué que « si tout le monde retire son argent en même temps, une crise s’en suit nécessairement, et ce même dans les pays développés ».

 

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