Sud Pacifique: Frictions entre l’Australie et la Chine
Les émeutiers des Îles Salomons brûlent le quartier chinois
Hsiao Ying Tsai
Des manifestations antigouvernementales de grande ampleur ont éclaté dans les Îles Salomon, dans le Pacifique Sud.
Le quartier chinois de la capitale a été incendié et certains commerces ont été pillés.
Des militaires et des policiers d’Australie et de Papouasie-Nouvelle-Guinée sont descendus dans les rues pour aider à maintenir l’ordre.
Ce qui indiqué l’orientation de ces émeutes c’est l’attaque du Chinatown qui a subi de lourdes pertes.
L’origine de ces émeutes c’est que les populations de ce pays insulaire du Pacifique sont mécontents de la politique pro-chinoise du gouvernement.
Le Pacifique Sud est devenu un terrain de compétition entre les États-Unis et la Chine, mais également de Taïwan.
Ce pays a été un allié de Taïwan, et profitait de ses largesses et de la coopération avec Taipei. Mais, en 2019, le Premier ministre Manasseh Sogavare qui est pro-chinoise a rompu les relations diplomatiques avec Taïwan condition sina-quo non d’établir de relation avec Pékin.
Or les effets escomptés de cette nouvelle relation n’a pas été au rendez-vous. Par contre des Chinois ont commencé à occuper de plus en plus des pans de l’économie locale.
Ce qui explique que des magasins ouverts par des chinois ont été pillés.
Le changement de ton dans une manifestation pacifique de milliers de personnes demandant la démission du Premier ministre met également en lumière la lutte diplomatique entre les deux rives du détroit. Le gouvernement des Îles Salomon a annoncé un couvre-feu indéfini et a demandé d’urgence à l’Australie d’envoyer une police militaire pour réprimer le chaos.
Le gouvernement australien a envoyé plus de 100 soldats de maintien de la paix dans la région pour stabiliser la situation.
Les observateurs ont interprété cette fièvre sociale comme le reflet de l’établissement de relations diplomatiques entre le pays et la Chine, et la rupture avec Taïwan.
Cependant, à Maraita, la plus grande province et la plus peuplée des Îls, avait des relations très denses avec Taïwan dans le passé. Le gouverneur Daniel Suidani s’est opposé à la rupture par le Premier ministre sortant des relations avec Taïwan, et a continué d’entretenir des relations commerciales avec Taïwan et des aides du matériel de prévention des épidémies, tout en acceptant l’aide au développement des États-Unis, et de plus il a refusé des fonds chinois destinés à des investissement dans la province.
A l’origine des émeutes il y a la confiscation par le gouvernement central du matériel offert par Taipei. Mais sur le fond de il y a des tensions entre les îles et les groupes ethniques, la pauvreté répandue partout, un taux de chômage élevé chez les jeunes et surtout la suppression des emplois locaux au profit des étrangers surtout chinois.
Le membre du Congrès de Salomon et chef de l’opposition, Matthew Wale, a souligné que le peuple a le sentiment que la démocratie ne le sert pas, et que le gouvernement est une marionnette dirigée par des intérêts acquis à la Chine.
Des étrangers tels que les sociétés forestières et les sociétés minières en Malaisie, aux Philippines et en Chine contrôlent les ressources et la politique gouvernementale doit suivre.
L’opposition accuse le Premier ministre d’avoir reçu des pots de vin des sociétés forestières chinloises, ce qui lui a permi de soudoyer pour contrôler la majorité des parlementaires.
L’implication de la Chine dans la politique intérieure du pays est évidente.
Le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Wang Wenbin, a déclaré le 29 : « La Chine accorde une grande attention aux développements aux Îls Salomons, et soutient les efforts du gouvernement pour mettre fin à la violence et au chaos et condamne les actes violents de destruction de biens et d’installations publiques ».
Selon le bilan de la Banque centrale de Salomon, les émeutes ont causé au moins 28 millions de dollars américains de pertes dans la région de la capitale, et la reprise économique qui a été touchée par l’épidémie fait à nouveau face à de lourdes pertes.
Les pays insulaires du Pacifique Sud sont dans les sphères d’influence traditionnelles de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande. Ces dernières années, l’intérêt de la Chine pour ces pays a affaibli l’influence de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande sur ces pays. Le ministère australien de la Défense (Peter Dutton) a averti le 26 que la Chine doit être surveillée dans cette région, pour l’empêcher d’empiéter sur l’ensemble de la région indo-pacifique. Le Premier ministre Morrison a également insister qu’il ne fallait pas montrer de faiblesse face à la belligérance croissante de la Chine.