Trump et l’Arabie saoudite clés du conflit au Moyen-Orient

Si c’est à Israël qu’incombe la responsabilité de façonner son environnement il doit le faire en formulant des politiques intelligentes

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Presse-Net (Beyrouth)

L’année dernière a été témoin de transformations régionales majeures qui ont bénéficié à Israël. Mais il est trop tôt pour considérer ces transformations comme des avancées décisives, car ce que nous considérons comme des « victoires évidente » s’effaceront avec le temps.

Procédons par élimination.

Il ne fait aucun doute que puissance géopolitique de l’Iran a été affaiblie ce constitue un gain stratégique positif pour Israël. Cela a été le fruit de cette guerre violente de 15 mois. Mais en échange de ce « gain », l’hostilité envers Israël grandit dans le monde entier. La cause palestinienne suscite une sympathie croissante et revient au premier plan des intérêts arabes, régionaux et internationaux.
Israël se borne à nier cette hostilité croissante.

Sur le plan militaire, le Hamas a été affaibli, mais pas éliminé, comme l’avait promis et stipulé le Premier ministre Benyamin Netanyahu afin de mettre fin à la guerre à Gaza.

Le Hezbollah a été la cible d’attaques sévères visant ses dirigeants politiques et militaires, ainsi que ses capacités d’armement et de dissuasion dont il bénéficiait depuis de nombreuses années pour affronter Israël. Il est également vrai que le parti ne peut plus obtenir le même soutien que lui apportait l’Iran. Avec l’effondrement du régime de Bachar al-Assad en Syrie, on peut dire que la principale voie terrestre d’approvisionnement en armes du Hezbollah a été supprimée… pour le moment. Mais malgré tout cela, le Hezbollah n’est pas éliminé ni vaincu.

Regardons du côté de Washington, on peut penser qu’il n’y a pas de perte d’influence à la lumière de ces conflits régionaux mais…l’homme qui dirige aujourd’hui la Maison Blanche, le président Donald Trump, malgré son attachement et sa proximité affective avec Israël, il faut se demander ce qu’il peut avoir derrière la tête concernant cette région.

L’Arabie saoudite est aujourd’hui le seul acteur régional majeur disposant d’un réel potentiel de levier sur Trump. Lors d’un entretien téléphonique avec Trump (mercredi dernier), le prince héritier Mohammed ben Salmane a promis que les Saoudiens augmenteraient leurs investissements et leurs échanges commerciaux avec les États-Unis d’au moins 600 milliards de dollars au cours des quatre prochaines années. Il est prévu que ce contrat inclue un énorme contrat d’armement d’une valeur de 40 à 60 milliards de dollars.

Trump demandera aux Saoudiens d’utiliser leur influence au sein de l’OPEP pour faire baisser les prix du pétrole, un bon outil que Trump pourrait utiliser contre son homologue russe Vladimir Poutine pour mettre fin à la guerre en Ukraine. Trump est un homme d’affaires. Les Saoudiens sont également capables de gérer les choses de manière professionnelle.

Les Saoudiens demanderont à Trump d’engager l’Iran dans un nouvel accord nucléaire, et ils pourraient insister sur un processus politique israélo-palestinien significatif basé sur le principe d’un État palestinien comme condition à toute forme de relations avec Israël.

Les Saoudiens sont pragmatiques car ils savent que du côté palestinien:  l’Arabie saoudite n’exclut pas de normaliser ses relations avec Israël. Mais certaines conditions sont nécessaires pour conclure l’affaire. C’est l’un des pays qui peuvent avoir une influence sur la nouvelle administration américaine et sur Trump lui-même. Elle a également récemment réussi à se rapprocher de l’Iran, et leurs relations bilatérales ont déjà connu une amélioration tangible. Elle est également proche de la Chine (qui a servi de médiateur entre Téhéran et Riyad en 2023).

La mentalité dominante en Israël, qui considère la création d’un État palestinien comme irréalisable et indésirable, et qui estime que cela précipitera les événements et de nouveaux « 7 octobre», est « à courte vue ».

La terrible catastrophe qui a frappé Israël après l’opération « 7 octobre» et la guerre dévastatrice contre la bande de Gaza et sa population n’ont fait qu’exacerber le conflit israélo-palestinien. En fait, l’élimination du Hamas – qui n’a pas eu lieu – même si c’était le cas ne modifiera pas d’un iota l’équilibre démographique entre le Jourdain et la mer Méditerranée.

En fait, c’est le statu quo et l’adhésion à la « solution à un seul État » qui conduiront à d’autres « 7 octobre». Le défaut fondamental de la politique israélienne se résume dans l’échec délibéré et téméraire à définir les objectifs politiques de la guerre contre Gaza, puis dans le refus de s’engager dans tout cadre politique après la guerre. Lorsque la guerre n’a pas d’objectifs politiques et lorsque les moyens militaires ne découlent pas d’objectifs politiques, même les plus grandes réalisations militaires deviennent sans aucun sens et sont rapidement gaspillées.

Si c’est à Israël qu’incombe la responsabilité de façonner son environnement il doit le faire en formulant des politiques intelligentes, à commencer par les Palestiniens. L’inconvénient est que de telles politiques ne peuvent pas et ne seront pas mises en œuvre tant que quelqu’un comme Netanyahou et un gouvernement d’extrême droite sont aux commandes du pays.

 

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