Un arc d’alliance: Trump, MBS et Bibi
À l'approche des élections de mi-mandat du Congrès américain, le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane intensifie son offensive contre les Démocrates
Bassam Tayara (NewYork)
À l’approche des élections de mi-mandat du Congrès américain, le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane (MBS), paraît avoir intensifier son offensive contre les Démocrates. Le meilleure aspect fut la réduction de la production de pétrole par une décision de « l’OPEP Plus ».
Mais dire qu’entre MBS et les Républicains il y a un pacte, il est un peu tôt de l’affirmer. Mais on voit se dessiner un arc allant du président américain, Donald Trump, jusqu’au cercle de l’ancien Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu… deux leaders qui font campagne pour un retour au pouvoir.
C’est une des raisons pour qu’on puisse sentir chez les Démocrates une exaspération et et le sentiment d’avoir atteint un point de non-retour, et que les quinze jours qui les séparent des résultats du mid-terme seront mis à profit pour trouver le meilleur moyen pour se venger d’Ibn Salman.
Les Démocrates ont un gros soucis à NewYork car la panique y règne. Il faut mobiliser leurs électeurs à moins de deux semaines des élections car il y un réel danger. Pour la première fois, la gouverneure sortante, la démocrate Kathy Hochul, 64 ans, était donnée battue d’un fil par son adversaire républicain, Lee Zeldin, 42 ans, avec 45,3 % contre 45,6 % des voix. Et à NewYork l’influence de « Bibi » l’ex-premier ministre israèlien peut compter. Et quoi qu’on dise une alliance de facto existe entre MBS et Bibi: il suffit de lire ce que ce dernier a déclaré à CNN « les accords de normalisation avec les pays du Golfe n’auraient pas été conclus sans l’approbation du Royaume » donc de l’homme fort du Royaume wahabite. C’est cette conjoncture de ces trois facteur qui pourrait menacer Joe Biden le long de ses deux dernières années de mandat, et qui a poussé l’ancien président Barak Obama à mouiller sa chemise dans la campagne des Démocrates.
Malgré tout cela, en vrai renard du désert, MBS ne se fie pas à ces hypothétiques possibilités de victoire. Les alliances que cherche MBS vont dans le droit fil du socle stratégique fixe du royaume: la sécurité du Régime saoudien, et conjurer toutes sortes de menaces internes -sa personne- et externes. Et il sait que son image est altérée aux États-unis surtout aux yeux du public américain, même si ses deux alliés gagnent leurs élections respectives rien ne garantit leur fidélité « à sa personne ».
Le dauphin saoudien comprend très bien que le « business man » l’ex-président Trump, s’il gagne, fera du « donnant donnant » tout en choisissant les sujets sur lesquels il peut soutenir MBS: Trump n’a jamais défendu MBS dans l’affaire du journaliste assassiné. Tandis que Netanyahou s’il arrive au poste réclamera une reconnaissance de jure des relations avec l’État hébreu.
D’ailleurs il est fort probable que les Républicains, dans le cas d’une victoire, demande à leur « allié » de relever le niveau de production de ses puits, pour contribuer à absorber l’inflation dans le monde occidental: dans ce cas que fera MBS?
Les démocrates ne cachent pas qu’ils travaillent sur des moyens qui aboutiraient à changer la nature des relations américaines avec l’Arabie saoudite, et une bonne partie des républicains n’y voit pas d’inconvénient.
Or Ibn Salman, malgré une apparence de puissance incontestée, mis à part la revanche de Biden dans le cas d’une victoire nette des Démocrates, il se trouve dans un maillage de risques trop élevés.
Il appréhende tout contact entre les services américains, qui connaissent très bien les méandres de la « maison Saoud », et des personnages clé de son pouvoir. Les revanchards sont nombreux depuis que MBS a changé les règles de succession et a écarté tous les prétendants à la succession de son père le roi malade. Tout son entourage est sous surveillance rapprochée surtout ses frères (le ministre de la Défense Khalid bin Salman, et le ministère du Pétrole Abdulaziz bin Salman) et tout ceux qui sont en contact direct avec le Pentagone et le Département d’État . C’est une des raisons pour lesquelles il préfère ne pas quitter le Royaume: il ne participera pas au sommet arabe en Algérie sous prétexte d’un problème de santé.
Malgré tous les dérapages dans les relations entre Washington et Riyad les dirigeants saoudiens et les administrations américaines successives ont toujours trouvé des moyens de préserver autant que faire se peut leurs intérêts communs.